L'accessibilité des personnes sourdes aux études supérieures

Comment poursuivre ses études post-bac quand on est sourd ? L'enseignement supérieur est-il facilement accessible aux étudiants sourds ou malentendants en France ? Le Code de l'éducation stipule, dans L'article L. 123-4-1, que les établissements d'enseignement supérieur " inscrivent les étudiants (...) présentant un trouble de santé invalidant ( ...) au même titre que les autres étudiants, et assurent leur formation en mettant en œuvre les aménagements nécessaires à leur situation dans l'organisation, le déroulement et l'accompagnement de leurs études ". Qu'en est-il aujourd'hui ?

Aperçu de l'enseignement supérieur pour les étudiants sourds

Des chiffres inquiétants

Sur un effectif de 120.000 élèves ayant mentionné un handicap dans le secondaire, seuls 20% d'entre eux poursuivent leurs études après le bac, majoritairement à l'université. Les jeunes sourds ne représentent que 4 % de ces étudiants en études supérieures. En conséquence, le taux de chômage des personnes ayant une " limitation fonctionnelle auditive très grave " reste considérable : environ 50 % de cette catégorie de la population est sans emploi.

Encore plus alarmant : le taux de réussite post- Master de ces étudiants. Il parle de lui-même : seul 1 % de ces étudiants atteindront le niveau bac +5. En effet, plus le niveau d'études est élevé, plus le défi à relever est majeur pour ces élèves.

" À la fac, il n'y a pas vraiment d'encadrement adapté aux personnes sourdes ou malentendantes. Par exemple, durant le confinement, il y a eu des cours en visioconférences, mais sans sous-titres. Même quand on n'est pas en amphithéâtre, on prend énormément de notes et on rate certains mots. Avec une aide telle que Ava, on pourrait compenser cette perte et réussir une évaluation, aussi bien qu'un autre élève. " Rose Paynel, étudiante sourde au sein de la promotion de la FPA et influenceuse.

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Pour ces jeunes atteints de malentendance ou de surdité, suivre des études supérieures s'avère particulièrement compliqué, car leur déficit auditif entrave la communication avec autrui. Lors des conférences, cours en amphithéâtre et TD, les dialogues fusent, l'élocution est rapide, le niveau sonore, variable et le tout doit s'associer à une prise de note simultanée. Les étudiants doivent suivre, comprendre, noter et faire des suppositions quand ils n'ont pas compris ce qui vient d'être dit. Souvent, ils n'ont pas d'autre option immédiate à portée de main (faire répéter, demander à leur voisin, etc.)

Pour ces étudiants aux besoins spécifiques, l'Université est difficilement accessible. Ses infrastructures et son organisation leur demandent une sur-adaptation permanente. À force de concentration excessive, de frustration due à l'incompréhension ou aux préjugés, l'étudiant sourd ou malentendant peut finir par se décourager, associer ses études à un mal-être anxiogène, voir ses résultats baisser et entrer dans la spirale du décrochage scolaire.

Des aménagements limités

Le site du Sénat mentionne que: " La France fait partie des mauvais élèves, bien loin derrière l'Angleterre, l'Espagne, la République tchèque ou encore les Pays-Bas qui ont su se doter de dispositifs efficaces et se donner les moyens d'une accessibilité totale aux études supérieures pour les étudiants sourds. "

L'enquête Eurostat, réalisée en 2011, révèle que la France est "à la traîne" dans l'aménagement des études pour les élèves sourds, en comparaison d'autres pays tels que l'Allemagne ou la Suède. En Allemagne, par exemple, le taux d'étudiants sourds et non sourds accédant aux études supérieures est quasiment similaire. Sur le Campus de l'Université d'Hambourg, les étudiants disposent de l'appui d'interprètes présents sur le site. En Suède, le taux d'étudiants sourds est même supérieur à celui de jeunes entendants. "Il faut souligner que la reine de Suède, Silvia Sommerlath, qui maîtrise la Langue des Signes, a continuellement oeuvré pour améliorer la situation des sourds, notamment en contrôlant le niveau sonore dans les espaces publics." (source Réseau Canopé.fr / La scolarisation des élèves sourds en France)

Si l'on en croit les Chartes Université-Handicap de 2007 et 2012, des structures handicap ont été créées pour initier des aménagements sur mesure afin d'accroître la réussite de chaque étudiant sourd ou malentendant à l'université. Ces structures handicap évaluent les besoins spécifiques des étudiants pour ensuite mobiliser les aides appropriées : codeur LPC, aménagement des examens ou des stages, tiers temps, sensibilisation des professeurs, interprète LSF, logiciels tels que Ava Scribe, aide à la prise de notes, etc.)

Néanmoins, les délais peuvent être longs et fastidieux.

" C'était très dur d'obtenir des aménagements. Il m'a fallu trois ans pour en avoir. "Rose Paynel, étudiante sourde au sein de la promotion de la FPA et influenceuse.

Souvent, l'accueil d'un étudiant sourd ou malentendant s'organise autour d'un binôme constitué d'un professeur référent pédagogique et d'un référent mission handicap qui assure le suivi administratif.

Une démarche volontaire de la part de l'étudiant

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Afin de faire connaître ses besoins, l'étudiant doit se manifester auprès des services compétents : à la mission handicap et au référent handicap, ainsi qu'au service médical universitaire et au professeur principal. C'est à l'élève d'expliquer quels sont les aménagements nécessaires au bon suivi de ses cours et de ses examens.

  • A-t-il besoin d'un logiciel de transcription instantané, comme Ava par exemple ?
  • d'un accès facilité aux vidéoconférences ?
  • d'aide à la prise de notes ?

Quel que soit l'outil, l'étudiant présentant une perte auditive a besoin d'aides techniques pour accéder à la même égalité de chances que les étudiants entendants.

" N'hésitez pas à demander de l'aide, surtout à la mission handicap. N'hésitez pas à aller à leur rencontre, ce n'est pas une honte ! "Vivien Laplane, Conférencier, auteur et éducateur spécialisé dans la surdité

Des oreilles attentives aux besoins des étudiants sourds

Le programme de mentorat de la Fondation pour l'Audition

" Pour les étudiants sourds ou malentendants, tout n'est pas toujours accessible ou adapté, cela va souvent très vite et peut avoir des conséquences négatives au quotidien. Nous voulons leur assurer une égalité des chances éducatives, diminuer les décrochages scolaires et lever l'autocensure qui les freine dans leur parcours d'études supérieures. "Fondation Pour l'Audition

Depuis 2020, la fondation propose à la promotion des étudiants sourds ou malentendants un programme d'accompagnement à la réussite de leurs études. Basé sur le mentorat, le programme permet à l'étudiant d'être soutenu dès sa première année d'études supérieures jusqu'à son insertion sur le marché du travail. Les liens créés entre professionnels et jeunes étudiants aident les élèves à s'affirmer, à prendre confiance en eux et à chercher le soutien dont ils ont besoin pour mieux vivre leur différence. En parallèle, l'émulation et la dynamique d'entraide collective générée par les étudiants leur permettent de cultiver leur motivation et leur ambition professionnelle. Ils y trouvent aussi un espace pour partager leurs défis quotidiens en tant qu'étudiants aux enjeux spécifiques.

Selon Denis Le Squer, Directeur Général de la Fondation pour l'Audition, le programme propose 3 grands types d'accompagnements :

  1. L'appartenance à une promotion d'étudiants sourds ou malentendants qui permet :  
  • l'accès à des événements ludiques, culturels et de découverte ;
  • la participation à l'innovation avec des tests de projets ;
  • l'appartenance à un groupe d'échange sur les réseaux sociaux.
  1. Le suivi avec un programme de mentorat qui suppose :
  • un mentor individuel associé à un étudiant ;
  • des coachings de groupe ;
  • des rencontres professionnelles.
  1. L'accès à un réseau de professionnels qui se décline de diverses façons :
  • des conférences d'associations et d'entreprises ;
  • des visites au sein d'entreprises ;
  • des ateliers axés sur le monde du travail.

"Nous tenons à créer une réelle communauté autour de ce programme. Pour cela, nous invitons l'ensemble de ces étudiants à échanger autour de leurs expériences respectives via des groupes actifs sur les réseaux sociaux." (Denis Le Squer)

84,6% des étudiants accompagnés en 2020-2021 se disent satisfaits du programme Promotion d'étudiants sourds ou malentendants!

L'Intelligence Artificielle soutient les étudiants sourds

Ava, application de transcription instantanée des dialogues, est l'outil de survie par excellence de l'étudiant sourd. Avec Ava, il bénéficie des sous-titres lors des cours, conférences, visioconférences, réunions et projets de groupes en direct. Grâce à l'option Ava Scribe, l'élève accède à des retranscriptions millimétrées d'une précision extrême. En effet, un scribe (interprète humain) modifie la traduction instantanée fournie par l'Intelligence Artificielle afin qu'elle soit encore plus soigneuse et détaillée. Elle est conforme à 99 % aux propos tenus par le professeur, par exemple.

Après les cours (en présentiel ou en ligne) ou lors d'un stage, l'élève accède aux notes enregistrées par l'application sous forme de fichier (txt, doc, pdf ou srt). Ainsi, il garde un historique précieux des échanges et des cours. Ava transforme l'expérience étudiante des élèves sourds ou malentendants en leur offrant plus d'autonomie, de sérénité et de compréhension des modules.  

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" Ava m'aurait énormément facilité la vie si je l'avais connue avant, lors de mes études à la fac. En différenciant les voix, en sachant qui parle quand, Ava aide à ne rien manquer, surtout lorsqu'il y a du bruit tout autour. Avec l'appareillage, l'audition n'est pas parfaite dans ce type de contexte. "Rose Paynel, étudiante sourde au sein de la promotion de la FPA et influenceuse.

Pour tester Ava sur Smartphone ou ordinateur :
https://fr.ava.me/download

-> Pour en savoir plus sur Ava Scribe :
https://lnkd.in/emv4XB8M


Sources :